Tigré: les membres du Conseil de sécurité se montrent inquiets face aux risques d’escalade du conflit et de catastrophe humanitaire en Éthiopie
PR Newswire
NEW YORK, 09 November 2021
NEW YORK, 09 November 2021 / PRN Africa / — Alors que le conflit et la situation humanitaire dans la région éthiopienne du Tigré ont atteint des « proportions désastreuses », menaçant la stabilité de la Corne de l’Afrique et de l’Éthiopie, « pays stratégique », et devant les risques d’escalade et l’absence de solution militaire, les parties doivent s’engager dans des négociations en vue d’un cessez-le-feu durable et instaurer les conditions favorables à l’entame d’un dialogue politique.
Voilà en résumé le contenu de la discussion tenue, cet après-midi, au Conseil de sécurité sur la situation au Tigré, sur la base des informations rapportées par la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, et le Haut-Représentant du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique, M. Olusegun Obasanjo.
Dans son exposé, Mme DiCarlo n’a pas ménagé l’assistance pour prévenir du risque énorme qu’encourt actuellement l’Éthiopie: l’ensemble du pays peut rapidement sombrer dans une guerre civile, avec une « désintégration » à la clef. Personne ne peut prédire exactement ce qui arriverait si les combats se poursuivaient dans un pays qui compte plus de 110 millions d’habitants, plus de 90 différents groupes ethniques et où sont parlées 80 langues, a dit Mme DiCarlo en prédisant au minimum une « impensable » catastrophe humanitaire et des violations des droits de l’homme. Nous devons donc faire tout notre possible pour éviter de nouveaux combats tout en se préparant au pire, a-t-elle recommandé.
À Addis-Abeba et dans le Nord, tous les dirigeants estiment que les divergences sont d’ordre politique et peuvent être abordées par le dialogue, a dit M. Obasanjo. « C’est là une brèche dans laquelle on devrait s’engouffrer car la fenêtre d’opportunité est très limitée. » Il a conseillé d’intervenir rapidement pour éviter des répercussions très graves sur la population. Le Haut-Représentant se rendra d’ailleurs demain dans les régions d’Amhara et d’Afar avec l’espoir d’obtenir un retrait des troupes tigréennes de ces régions.
Pour faciliter ce processus, qui est piloté par l’Union africaine et les pays voisins, et afin de permettre que ces efforts donnent des résultats, une « diplomatie de médiation » qui parle d’une seule voix est cruciale, ont plaidé le Kenya, la Tunisie, le Niger et Saint-Vincent-et-les Grenadines (les « A3+1 »). C’est pourquoi ils ont souhaité que le Conseil de sécurité envoie un message clair à toutes les parties, pour exiger la cessation des hostilités et le lancement immédiat d’un dialogue national incluant toutes les parties prenantes.
Tous les membres du Conseil ont appuyé cet appel à un cessez-le-feu et à un dialogue politique. Des « négociations immédiates et sans conditions préalables » doivent commencer, a notamment pressé le Mexique. Afin de favoriser le début des négociations, le Gouvernement éthiopien doit commencer par ne plus désigner le Front populaire de libération du Tigré (FPLT) comme organisation terroriste, a demandé la France.
Le Gouvernement de l’Éthiopie souscrit pleinement à l’appel au dialogue politique et estime que la mobilisation régionale est « la plus à même » de trouver une solution qui ne sera « ni directe ni facile », a précisé le représentant du pays. En revanche, toute tentative, de blanchir le groupe « illégal » et « immoral » du FPLT et d’amoindrir les horreurs qu’il a commises contre le peuple éthiopien ne sera que contre-productive, a-t-il mis en garde.
Il n’y a pas de gentil dans cette affaire, il n’y a que des victimes de part et d’autre, a répondu la délégation des États-Unis, niant tout parti pris de son pays dans le conflit. Les États-Unis condamnent toutes les violences, de même que l’expansion du FPLT hors du territoire du Tigré, a-t-elle assuré.
Partisans de la résolution des problèmes africains par des solutions africaines, la Chine et la Fédération de Russie ont souhaité une coordination « accrue » entre l’Union africaine et l’ONU, notamment entre M. Obasanjo et M. Griffiths, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, mais aussi une coordination de l’aide humanitaire avec les autorités locales éthiopiennes.
S’agissant de la « grave » situation humanitaire née de ce « conflit dévastateur » et qui plonge aujourd’hui plus de 7 millions de personnes dans des conditions proches de la famine, plusieurs membres du Conseil dont la France, la Norvège, l’Inde, l’Estonie et les États-Unis ont appelé à la levée du blocus humanitaire imposé par les forces du FTPL.
Des membres du Conseil ont également demandé la fin des discours de haine et du profilage ethnique, qui au final ne servent qu’à « monter les Éthiopiens les uns contre les autres », approfondissent les divisions, et rendront la sortie de crise encore plus difficile.
SOURCE Centre d’actualités de l’ONU