TUNIS, Tunisie, 06 December 2023 / PRN Africa / — Alors que la crise climatique continue de retenir l’attention du monde, les discussions de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP28) se sont étendues au-delà des stratégies environnementales pour inclure des solutions financières innovantes. Un dialogue novateur organisé en marge de la conférence a mis en lumière le rôle de la finance dans le façonnement de l’avenir de l’Afrique, avec des perspectives offertes par des intervenants qui mènent des initiatives transformatrices sur le continent.
Présidé par le directeur des solutions financières, de la politique et de la régulation de l’énergie à la Banque africaine de développement, Wale Shonibare, le dialogue était coanimé par Chief Adebayo Adelabu, ministre de l’Énergie du Nigeria, M. Chinua Azubike, directeur général d’InfraCredit et Mme Tariye Gbadegesin, directrice générale du fonds d’infrastructure ARM Harith.
Lançant la discussion, M. Shonibare a présenté une idée visionnaire « moonshot » visant à transformer le paysage financier de l’Afrique. Il a proposé la création d’une Banque des règlements africains et l’introduction d’une nouvelle monnaie adossée aux réserves de matières premières, dont le pétrole. Répondant aux inquiétudes soulevées par l’inclusion du pétrole, M. Shonibare a déclaré : « Bien que l’inclusion du pétrole puisse susciter des inquiétudes dans le contexte des discussions sur les changements climatiques, il est essentiel de comprendre que la proposition vise à tirer parti de la richesse en matières premières de l’Afrique pour créer une nouvelle architecture financière. »
M. Chinua Azubike, directeur général d’InfraCredit, a relevé l’importance de « fournir une forme de rehaussement de crédit qui pourrait atténuer la perception du risque pour les entreprises qui développent des infrastructures et leur permettre d’accéder à des financements à long terme en monnaie locale. » Il a souligné le succès d’InfraCredit dans la garantie de projets dans divers secteurs : « Les garanties de crédit jouent un rôle de catalyseur, essentiellement en renforçant les capacités locales et en permettant au marché d’évoluer », a-t-il indiqué.
La directrice générale d’ARM Harith Infrastructure Fund, Mme Tariye Gbadegesin, a présenté un plan visant à regrouper des projets d’énergie renouvelable à petite échelle dans des montages financiers mixtes de plus grande envergure, en combinant dette senior, capital subordonné, revenus de crédits carbone et garanties de risque.
Expert en finance internationale, M. Chris Canavan, a soulevé des questions cruciales concernant l’impact des changements climatiques sur les portefeuilles financiers. Il s’est enquis des mesures de résilience climatique dans le portefeuille d’InfraCredit, ce qui a incité les participants à reconnaître l’importance d’intégrer la résilience climatique dans les évaluations des risques pour les projets d’infrastructure. M. Canavan a également souligné la nécessité d’innover dans le domaine financier : « Des expériences ont été menées dans des pays comme le Mexique et le Chili, où des unités de compte non monétaires ont été introduites pour surmonter le dilemme de la dollarisation sans compromettre la compétitivité. »
Le dialogue a donné un aperçu des diverses stratégies et visions qui sous-tendent l’évolution financière en Afrique. Du financement en monnaie locale aux idées visionnaires, les intervenants ont montré un engagement collectif à libérer le potentiel financier de l’Afrique tout en relevant les défis posés par les changements climatiques. À mesure que la conférence progresse, ces solutions financières innovantes occuperont probablement une place centrale dans le façonnement d’un avenir durable et résilient pour le continent.
Les délégués ont convenu que bien que les réformes des fonds souverains et des fonds de pension progressent, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour approfondir les marchés de capitaux, reproduire des succès tels que le boom des énergies renouvelables en Inde et veiller à ce que les politiques favorisent l’utilisation de la monnaie locale plutôt que de perpétuer la dépendance à l’égard des importations de devises fortes. Ce n’est qu’en s’attaquant de front à ces problèmes systémiques que l’Afrique pourra espérer se développer à l’échelle et à la vitesse requises, ont-ils déclaré.
SOURCE Groupe de la Banque africaine de développement (BAD)