TUNIS, Tunisie, 05 December 2023 / PRN Africa / — Amplifier la voix des pays africains à l’échelle mondiale et fournir un espace et une plateforme pour mettre en évidence les défis, opportunités et réponses du continent aux changements climatiques, tel était l’enjeu de la Journée de l’Afrique, le 2 décembre 2023, à la COP 28 de Dubaï.
Cette journée s’est ouverte par une session de haut niveau, où plusieurs dirigeants africains ont appelé à « accroître le financement de l’action climatique et de la croissance verte en Afrique », thème de l’évènement.
Le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Claver Gatete, a pointé plusieurs grands axes à travers lesquels le continent pouvait tirer parti de ses ressources et de ses collaborations stratégiques pour financer l’action climatique et la croissance verte.
« Donnons la priorité aux investissements dans le déploiement des ressources renouvelables abondantes du continent et dans la transformation de ses minerais essentiels. Concentrons-nous sur le développement de mécanismes de financement innovants tels que les initiatives de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (NDLR : Objectif de développement durable n°7 : « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable »), qui ont permis par exemple à l’Afrique du Sud d’émettre trois milliards de rands d’obligations vertes pour des investissements dans les énergies renouvelables », a déclaré M. Gatete.
« Développons également les marchés africains du crédit carbone, qui offrent un potentiel important pour débloquer des financements verts », a-t-il ajouté.
La Banque africaine de développement, qui a lancé un Guichet d’action climatique visant à mobiliser jusqu’à 14 milliards de dollars pour soutenir l’adaptation de 37 pays à faible revenu, a insisté sur l’étendue des richesses du continent. « Tout ce que nous avons, nous l’avons en abondance », a lancé son président, Akinwumi Adesina, devant les dirigeants africains, des représentants gouvernementaux, du secteur privé et de la société civile.
M. Adesina a souligné notamment que l’Afrique, qui possède 65 % des terres arables non cultivées dans le monde, avait un rôle clé à jouer dans la sécurité alimentaire mondiale. « Ce que l’Afrique fera de l’agriculture déterminera l’avenir de l’alimentation dans le monde. Notre détermination est très claire : l’Afrique ne mendiera plus jamais de nourriture », a-t-il martelé, faisant référence au Sommet de Dakar, tenu en janvier 2023, qui a permis de mobiliser jusqu’à présent 72 milliards de dollars américains pour le secteur de l’agriculture et de l’alimentation en Afrique.
Dans le cadre de cette journée spéciale à la COP 28, le président de la Banque a appelé les pays africains à être fiers d’eux-mêmes : « L’Afrique doit toujours être célébrée, et l’Afrique que nous célébrons est celle des jeunes, qui sont le présent et l’avenir du continent. »
Le président du Sénégal, Macky Sall, a abondé dans ce sens : « L’avenir de la jeunesse africaine est sur le continent africain. »
« L’Afrique a un besoin légitime de développement et d’industrialisation pour faire partie des chaînes de valeur mondiales, plutôt que d’être seulement un réservoir de matières premières. Nous devons créer de la valeur ajoutée pour donner des emplois à nos jeunes », a-t-il déclaré.
« L’enjeu fondamental en Afrique est de pouvoir financer une énergie bon marché, en particulier par l’industrie verte. Le continent doit bénéficier d’une transition énergétique juste. Les partenaires doivent accompagner cette transformation vers une économie décarbonée. Nous avons besoin de financements adéquats pour développer notre potentiel », a ajouté Macky Sall.
Le message du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, avait une tonalité plus politique. Dénonçant l’injustice de voir le continent, « pollueur mineur », ne recevoir que « trop peu » de financements pour lutter contre les effets du dérèglement climatique, il a souligné que les investissements financiers sur le climat en Afrique représentaient « une part congrue ». « Ils ne doivent pas faiblir », a-t-il lancé, insistant sur le lien entre transition et adaptation : « Nous devons nous engager dans des négociations sérieuses avec nos partenaires pour trouver des consensus. »
« La Déclaration de Nairobi (adoptée au Sommet africain sur le climat, en septembre 2023 au Kenya) doit demeurer notre credo. La chance de l’Afrique tient dans l’expression d’une seule voix », a affirmé Moussa Faki Mahamat.
Le président des Comores, Azali Assoumani, président en exercice de l’Union africaine, avait l’honneur d’inaugurer officiellement la Journée de l’Afrique à la COP 28. « Nous voyons l’importance grandissante d’une croissance verte et durable en Afrique et de partenariats innovants pour assurer le financement climatique », a-t-il indiqué, saluant le leadership du président kenyan, William Ruto, lors du Sommet africain sur le climat.
Ressortissant d’un archipel en proie aux effets du changement climatique, M. Assoumani a fait la promotion des États côtiers et insulaires, plaidant surtout pour le développement d’une synergie entre l’économie verte et l’économie bleue pour qu’aucun pays africain ne reste en marge de la dynamique d’une croissance inclusive en Afrique.
« Les océans et les ressources marines ont un rôle crucial à jouer dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Compte tenu de leurs potentialités, l’économie bleue et l’économie verte constituent un véritable catalyseur pour le développement durable sur notre continent », a-t-il conclu sur une note d’optimisme.
SOURCE Groupe de la Banque africaine de développement (BAD)